La direction de la verticalité, c'est à la fois de la hauteur et de la profondeur. C'est de là aussi que vont découler les directions de la chute... l'équilibre, les appuis et le centre de gravité. Car il s'agit toujours de garder le rapport de juste mesure entre les pieds sur terre et la tête dans les étoiles.
A défaut, voici quelques exemples des distorsions de la verticalité dans la hauteur ou dans la profondeur. Symboliquement, nous pouvons penser à la démesure d'Icare.
A l'extrême, une des formes manquées de la présence humaine est celle du schizophrène. L.BINSWANGER nomme cela le "fourvoiement de la présomption". La présomption repose sur un rapport déséquilibré entre ce qui monte dans la hauteur et ce qui marche dans l'étendue. C'est un rapport de démesure. L'être "perdu-trop-haut n'a plus d'assise", plus de foyer où se rattacher. Il rate sa présence au monde car il ne peut faire l'expérience du monde, ne peut s'étendre, se poser, s'appuyer, se reposer. Le schizophrène se fourvoie dans une prédominance de la hauteur par rapport à l'étendue.
La posture du maniaque est autre. Elle est totalement détachée du sol, à la fois ni trop haut ni trop loin. Le maniaque se jette trop vite, trop loin, trop en avant de soi et de la communauté des hommes. Il dénie la problématique de l'existence, il est figé dans un avenir sans possibilité d'advenir.
La posture du mélancolique s'enfonce toujours un peu plus dans le sol d'un monde qui a perdu son fond : il ne se sent accroché nulle part, il s'abîme dans une profondeur sans fond, il est figé dans un passé qui n'a pas eu lieu.
Heureusement, en-deça de ces extrêmes, il peut nous arriver d'être-au-monde avec un manque de mesure... les plus belles intentions qui ne prendront jamais forme dans la réalité car jamais mises en acte, les idées fabuleuses qui ne verront jamais le jour, et aussi les dogmes intellectuels, religieux qui ne tiennent pas compte de l'évolution du monde et de la réalité de vie de milliers d'êtres humains.