La floraison des fleurs semble s'atténuer comparée à l'élan des verts qui se déploie à grande vitesse. Vous remarquerez que les fleurs semblent avoir un noyau plus solide. Les fleurs azalées ou de trèfles blancs ne tombent pas même lorsqu'elles sont soufflées par le vent. Les fleurs de cette époque sont en quelque sorte fiables.
L'élan des petites plantes augmente régulièrement, le stade de la saison est passé du vert tendre au vert foncé, fort et puissant.
En revanche, les fleurs qui se sont succédées depuis la saison des cerisiers semblent se reposer.
C'est une saison où deux forces travaillent ensemble. La petite saison kokū est celle d'une économie d'énergie tout en continuant d'avancer.
Lorsqu'il pleut à ce moment là, cela donne vraiment en réponse "un grain mille grains". Même s'il ne pleut pas beaucoup, la poussée des plantes sous la pluie de cette saison est surprenante.
Quand je suis fatiguée, alors je sais qu' il est temps de regarder ces fleurs et de faire une pause avec elles. Je suis submergée par la beauté de la végétation qui pousse chaque jour.
Faites attention à votre vie, votre santé, et vous obtiendrez une seconde chance de bénéficier au centuple du souffle d'énergie du printemps. Le monde semble être recouvert de la puissance du vert.
Il existe différents types de verts. Il est intéressant de les répertorier et de les nommer. Même en ville, il y a toutes les nuances de verts, et vous devriez partout pouvoir les différencier. Si vous constatez que vous ne vivez pas dans cette variété de verdure, que vous ne différenciez pas les verts, vous êtes sans doute fatigué-e par le changement de saison. Si vous entrez dans des sentiments de la variété de verts, votre fatigue va alors s'atténuer.
Étonnamment il peut être difficile de différencier les verts au début. Peut-être avez vous l'habitude de jeter un regard grossier sur le monde. Pour certaines personnes, prendre le temps de soigneusement les observer au début peut déjà sembler difficile, mais c'est l'occasion de remarquer toutes les facettes du monde. Alors vous continuerez à vous ouvrir de la même manière avec la brise, la pluie ou la lumière!
Ce mécanisme du pas à pas accompagné-e par les éléments naturels nous synchronise avec le sentiment d'aller continuellement de l'avant, à notre rythme naturel, de continuer d'évoluer, de nous améliorer pour nous sentir intensément vivants. Même si les choses nous semblent petites, difficiles ou peu reconnues socialement, continuons de nous améliorer petit à petit .
Apprendre , c'est dévoiler le moi qui ne sait pas.
Il faut se décharger, s'alléger, se vider car si un récipient est plein , on ne peut plus rien y mettre.
Admettre que l'on ignore est le point de départ pour l'ouverture totale à de nouveaux apprentissages.
Après avoir répété tant de fois les mouvements, les postures, avec autant d'attention, notre corps a acquis des automatismes. Alors changer d'idées, c'est un peu comme si tout ce que nous aurions appris auparavant n'aurait servi à rien. Ce serait comme les oublier, et cela voudrait dire que tous les efforts accomplis auraient été faits pour rien. En pensant ainsi, l'on continue de s'accrocher à ce que l'on sait, sans laisser de place à ce que l'on ignore.
En fait, chaque petit geste répété de nombreuses fois, a comme semé une multitude de points. Avec le temps, ces points de sont densifiés et ont formé des lignes ça et là. Bien entendu, au départ les lignes étaient frêles mais peu à peu elles sont elles aussi devenues continues et denses.
A ce moment-là , il ne faut surtout pas réfléchir, ne pas faire intervenir l'intellect. A ce moment-là soutenu-e par ces lignes construites au fil des répétitions et du temps, au fil des efforts et des doutes, le mouvement se transforme. Le mouvement vient de l'expérience du corps, et non de la réflexion, ou de la compréhension intellectuelle.
Ainsi, nous sommes totalement concentrez corps, et esprit sur le moment présent, dans le vécu de l'expérience corporelle. C'est un peu comme si le corps fonctionnait seul. Changer résolument d'idées pour apprendre, c'est être conscient-e de notre ignorance, et avoir un coeur neuf, c'est être rassuré-e par notre expérience. C'est être un corps en mouvement, et non plus avoir un corps que l'on dirige dans un vouloir.
Le mouvement peut paraître saccadé dans ce temps de déstabilisation, mais l'expérience du corps vécu, du sentiment d'unité, et du moment présent, sont les ouvertures de nos grands moments d'éveil. Tout cela est sous tendu par l'effort, la persévérance, l'assiduité, la répétition, le temps, le doute, le courage qui a permis de tracer ces lignes devenues claires et nettes… pour un moment… jusqu'au moment suivant!
La vie a des hauts et des bas, mais quoiqu'il arrive vivez sans vous presser, et ne tirez pas de conclusions trop rapidement. Prendre le temps de se construire, de se former, c'est cela vivre à son rythme, suivre son chemin. Vivre le moment présent en s'inscrivant dans un étirement du temps.
Même si tout nous était expliqué en détail, nous ne pourrions pas trouver la réponse, car le processus du développement est long.
En ne dévoilant pas tout, cela laisse le degré de liberté nécessaire à l'accomplissement de chaque personne. Certaines ont besoin de temps, d'autres vont vite, l'essentiel est de découvrir par soi-même. Tracer son propre chemin en se laissant aussi la liberté des errements. S'améliorer continuellement la vie durant, c'est cela apprendre.
Pendant la saison de kokū, c'est un peu comme si vous pouviez vous mettre sous la pluie. Vous pouvez d'ailleurs essayer cette sensation de marcher sous la pluie et de sentir le pouvoir particulièrement fort de cette pluie à ce moment précis. Ce qui germait en vous est prêt à grandit, à sortir. C'est aussi comme si c'était le moment de donner le meilleur de vous-même pas seulement avec vos propres forces mais surtout en récoltant l'élan de vie qui a poussé tout au long du printemps.VJM
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